Les concours et la crise du recrutement

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14 Mar 2014 19:34 - 14 Mar 2014 19:35 #9880 par Loys
Claude Lelièvre persiste et signe dans "VousNousIls" du 14/03/14 : "Claude Lelièvre : "Le métier d'enseignant motive encore !""

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Dernière édition: 14 Mar 2014 19:35 par Loys.

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14 Mar 2014 21:10 - 15 Mar 2014 09:05 #9882 par Loys
Il est sûr que l'indicateur Jobintree ne veut pas dire grand chose. De là à en conclure que "le métier d'enseignant motive encore" (formule bien peu enthousiaste à vrai dire)...

D'autant qu'en 2013, au moins deux enquêtes disent l'inverse ! La pre­mière, réa­li­sée par Viavoice pour le Nouvel Observateur, révèle que 85% des ensei­gnants se sentent épanouis dans leur tra­vail, tan­dis que la seconde, menée par l'UNSA Education, montre que 94% des per­son­nels de l'éducation aiment leur métier.

Deux indicateurs hors sujet puisqu'il est question de l'attractivité du métier pour ceux qui ne le pratiquent pas, pas pour ceux qui l'exercent. A ce compte autant demander à des philatélistes s'ils s'intéressent aux timbres. :roll:
On peut par ailleurs aimer son métier et déplorer ce qu'il est devenu... :twisted:

Si le métier d'enseignant attire, com­ment expliquez-vous que des postes res­tent vacants au Capes depuis plu­sieurs années ?
L'attractivité de la pro­fes­sion ne se mesure pas faci­le­ment. Ce que l'on peut appré­cier c'est la sélec­ti­vité du concours, mais cela ne dit rien de la dif­fi­culté intrin­sèque de celui-ci. Quand on regarde les choses de près, on s'aperçoit qu'il y a de grandes dif­fé­rences entre les dis­ci­plines.

Un propos relativiste à souhait. Si l'on écoute Claude Lelièvre l'attractivité du métier est impossible à mesurer, ce qui est bien pratique en pleine crise des vocations...

Si on s'intéresse au Capes externe, on se rend compte qu'en espa­gnol il y a 5 can­di­dats pour un poste offert, 6 en Italien et le record, 8 en phi­lo­so­phie. Il ne s'agit pas d'adresser son CV pour être reçu ! Ceux qui passent ce concours l'ont pré­paré pen­dant au moins un an. Quand on prend le risque d'avoir 5 chances sur 6, voire 7 chances sur 8 d'échouer, cela montre bien, me semble-t-il, que le métier d'enseignant motive encore !

Admettons, mais ces trois Capes ne représentent jamais que 8% des postes. Les Capes avec moins de 2 candidats par postes concernent... les deux tiers des postes ! :cheers:
Pour l'espagnol, la philosophie et l'italien, en 1998, il y avait respectivement 8, 13 et 14 candidats présents par poste...
Par ailleurs Claude Lelièvre ne parle évidemment pas du taux record de 41% de réussite au CRPE, avec un pic à 75% dans l'académie de Versailles, l'académie qui proposait en 2013... le plus de postes (15% des postes) ! :cheers:
Mais comme dit Claude Lelièvre : "L'attractivité de la pro­fes­sion ne se mesure pas faci­le­ment" ! :santa:

Je ne nie pas les dif­fi­cul­tés dans cer­taines dis­ci­plines telles que les lettres clas­siques, avec 0,6 can­di­dats pré­sents pour un poste offert, l'allemand (1,2), l'éducation musi­cale (1,3), les mathé­ma­tiques (1,4) ou encore les lettres modernes (1,5). Il ne s'agit plus d'un concours mais d'un examen...

Oui mais ça ne concerne après tout qu'une partie des disciplines, et des disciplines subalternes. :santa:

Par ailleurs, si l'on s'intéresse à l'agrégation, la situa­tion est encore dif­fé­rente. En lettres clas­siques, la sélec­tion est rela­ti­ve­ment faible avec 2,5 can­di­dats pour un poste, com­pa­rée à des dis­ci­plines comme l'histoire (8 pré­sents pour un poste) ou la phi­lo­so­phie par exemple (9,3). Il ne faut donc pas faire de constat hâtif.

C'est vrai que la sélectivité reste plus élevée, ce qui est plus logique. Mais même pour l'agrégation, le taux de réussite était de 15% en 2013 contre une moyenne de 13% sur les vingt dernières années.

N'existe-t-il pas mal­gré tout un lien entre l'attractivité du métier et la sélec­ti­vité aux concours ? Si les concours étaient moins sélec­tifs n'y aurait-il pas davan­tage de motivés ?

Difficile de faire moins sélectif qu'actuellement... :scratch:
S'il y a un lien, c'est dans le sens inverse.

Absolument pas. Il y a trois para­mètres essen­tiels qui déter­minent l'attractivité : la rému­né­ra­tion, les condi­tions de tra­vail et la consi­dé­ra­tion. Le rap­port entre le nombre de can­di­dats et le nombre de postes offerts ren­voie à la ques­tion du vivier. Devenir pro­fes­seur de lettres clas­siques ou d'allemand sup­pose d'avoir suivi un iti­né­raire sco­laire très sélec­tif.

En quoi les études d'allemand seraient-elles plus sélectives que les études d'espagnol ou d'italien ? :shock:

Il est actuel­le­ment plus dif­fi­cile de deve­nir pro­fes­seur de lettres clas­siques que d'espagnol par exemple, si l'on consi­dère l'ensemble du cur­sus. Ce n'est donc pas par dés­in­té­rêt qu'il y a moins de can­di­dats en alle­mand et en lettres clas­siques qu'en espa­gnol ou en ita­lien.

Sélectivité brutale puisqu'il y avait 843 candidats présents en lettres classiques en 2001 pour 335 postes contre 124 candidats présents pour 200 postes en 2013. :santa:

D'une part, les rému­né­ra­tions sont les mêmes. D'autre part, les condi­tions d'exercice sont plus favo­rables en alle­mand et en lettres clas­siques, car les élèves sont en géné­ral meilleurs et moins nombreux.

On se demande donc pourquoi les candidats ne se précipitent pas sur ces Capes avantageux !

L'attractivité, la sélec­ti­vité et la dif­fi­culté à obte­nir tel ou tel poste sont trois choses dif­fé­rentes.

Mais les chiffres des candidats en eux-mêmes sont éloquents, contrairement à ce qu'essaie de faire croire Claude Lelièvre. Plus de 60 000 candidats au CRPE au début des années 2000, moins de 20 000 actuellement. :spider:

J'ajoute que selon les dis­ci­plines, la pos­si­bi­lité de ne pas s'orienter vers l'enseignement est plus ou moins grande. A l'agrégation, c'est en sciences de l'ingénieur (10 pré­sents pour un poste offert) et en économie/gestion (12) qu'il y a le plus de demandes par rap­port au nombre de postes offerts. Et pour­tant, il est plus aisé de ne pas opter pour l'enseignement dans ces dis­ci­plines, plu­tôt qu'en phi­lo­so­phie ou en his­toire par exemple.

Claude Lelièvre raisonne à l'envers. C'est précisément parce que certaines disciplines destinent à enseigner qu'elles subissent une crise en amont. Les lettres classiques en sont le meilleur exemple.

Vincent Peillon est-il par­venu à sus­ci­ter un regain d'intérêt pour la profession ?
Il faut se rap­pe­ler qu'avant 2012, sous le gou­ver­ne­ment de François Fillon, le nombre de postes offerts s'est effon­dré : la moi­tié des ensei­gnants qui par­taient à la retraite n'étaient pas rem­pla­cés. Mécaniquement, cela a fait bais­ser le nombre d'étudiants dési­reux de pré­pa­rer les concours...

La baisse des candidats au CRPE 2003 suivait une hausse des postes dans les années précédentes. :roll:

Vincent Peillon a, lui, aug­menté le nombre de postes offerts mais il faut un à deux ans, avant que cela se res­sente sur le nombre de can­di­dats aux concours.

François Hollande a fait son annonce des 60 000 postes fin 2011. La hausse aurait déjà du être constatée dans des proportions plus grandes en 2013, avec en plus un concours exceptionnel supplémentaire doublant les chances de réussir.

Autre para­mètre non négli­geable qui explique que le vivier s'est momen­ta­né­ment appau­vri : il faut désor­mais un mas­ter pour vali­der son concours, et non plus une licence.

Un master pour le valider, ce n'est pas un master pour le présenter. Claude Lelièvre joue sur les mots. :xx:

Ce qui est sûr : l'annonce de la créa­tion d'une vraie for­ma­tion pour les ensei­gnants, au tra­vers des ESPE, a com­mencé à jouer un rôle non négli­geable pour une appré­hen­sion plus posi­tive de l'entrée dans le métier. Mais il est encore trop tôt pour en mesu­rer tous les effets.

Ça c'est sûr !
Ne doutons pas que la création des Espé à l'image des IUFM va susciter une vague d'engouement sans précédent. :santa:
Dernière édition: 15 Mar 2014 09:05 par Loys.

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15 Mar 2014 14:32 #9895 par Loys
A lire sur ce sujet : "Sélectractivité du métier d'enseignant" par Émile Lanoë (11/03/14).
A vérifier mais il semblerait que, pour le concours de professeur des écoles, la note éliminatoire était, avant la masterisation, de 5 sur 20.

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20 Mar 2014 16:00 - 20 Mar 2014 18:34 #9950 par djallas
L'allusion de Claude Lelièvre au concours de sciences industrielles de l'ingénieur m'a fait doucement rire. C'est bien de se baser sur des chiffres pour ne pas dire de bêtises, mais se baser sur des cas particuliers pour étayer ses propos, c'est franchement limite (sans considération d'une quelconque intention malhonnête de l'auteur évidemment).
Je m'explique avant qu'on me rejette la faute : ce concours en particulier a subi de profondes modifications en 2013 qui rendent toute analyse d'attractivité, de taux de sélectivité et j'en passe bien difficile à interpréter. On parle ici d'un concours qui a subi une réforme des programmes, une modification des épreuves du concours, un rassemblement de plusieurs concours en un seul et enfin d'une annonce après la date limite d'inscription d'une réduction du nombre de postes par rapport à l'année précédente de plus de 50%. Alors oui, avoir dix inscrits pour une place, c'est facile si vous divisez le nombre de places par deux après les inscriptions (suffit d'être à cinq pour une avant l'annonce à peu de choses près)...
De la même manière, on pourra signaler qu'annoncer un taux de sélectivité jugé bas de 3.9 pour les mathématiques, ben c'est facile à obtenir quand on voit que le nombre de places est augmenté à plusieurs reprises (toujours après la date limite des inscriptions) pour des raisons diverses et variées (qui peuvent être reliées à une pénurie d'enseignants et/ou des annonces gouvernementales entre autre, mais ce n'est pas le sujet) pour aboutir à une augmentation du nombre de postes de 27% pour seulement 16% de candidats en plus ... Ah ben c'est sur qu'on perd en attractivité, y'a plus de candidats qu'avant ...
Dernière édition: 20 Mar 2014 18:34 par Loys.

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20 Mar 2014 21:39 #9953 par Loys
Effectivement, des éléments très intéressants que vous portez à ma connaissance et qui conduisent à relativiser encore davantage l'exemple pris par Claude Lelièvre.

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21 Mar 2014 02:11 #9956 par LeCancre
Bonjour,
Enfant d'enseignant j'ai vu la profession évoluer...
C'est passé de "mon fils a de mauvaises notes je vais lui en coller une" à "mon fils a de mauvaises notes je vais vous en coller une". (NB: les deux étaient mauvais de mon point de vue).
En gros.
Plus les politiques qui tapent sur "ces feignants de profs".
Plus les classes bourrées d'élèves, les réformes qui se succèdent non pas par pertinence mais parce qu'un nouveau ministre veut laisser sa trace.
Et puis les conversations de parents très amusés que leur gamine ait sortie à sa prof qu'elle était "conne et moche" et qui s'étonnent ensuite que l'enseignant n'ait pas d'autorité.
Bref.
J'aimerais bien enseigner. J'aime les gosses, j'aime enseigner.
Mais je n'ai aucune envie de me retrouver face à des gamins qui me considéreront comme l'image de la société qui les rejette, de supporter des parents qui me considéreront comme la cause d'échec de leur gosse et me perçoivent comme un clown surpayé avec des vacances à tire-larigot. Et j'ai envie d'enseigner, ce qui suppose des classes de 20-25gosses, pas 35-40! A 35gosses, on fait de la gestion de masse.
Bref, paradoxe, je suis chômeur et je donne des cours particuliers bénévoles pour les gosses de mes potes. Pour le plaisir d'aider des gamins à mieux comprendre les matières que j'adore et pour le plaisir de les voir évoluer, s'améliorer.

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17 Avr 2014 10:25 #10213 par Loys
Dans "L'Express" du 10/04/14 : "Education: où sont passés les 60 000 postes promis par Hollande?"

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18 Avr 2014 15:59 #10228 par Loys
Attention : mal de tête assuré !


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www.education.gouv.fr/cid71710/concours-...ations-en-stage.html

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29 Avr 2014 15:03 #10327 par Loys
Mauvaise nouvelle... mais c'était prévisible. Dans "VousNousIls" du 29/04/14 : "Capes exceptionnel 2014 : 1 poste sur 2 non pourvu en mathématiques" .


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29 Avr 2014 15:35 #10328 par Loys
Dans "Le Monde" du 29/04/14 : "Va-t-on vers une pénurie de professeurs de maths ?"

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